Le patrimoine à portée de main

Chroniques toulonnaises : histoire de quelques rues

Octave Teissier

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« En 1589, les Toulonnais obtinrent du roi Henri IV, l'autorisation d'abattre les anciens remparts de leur ville, et d'englober ces huit faubourgs dans l'enceinte agrandie.
Les nouvelles fortifications, commencées immédiatement, et achevées en 1595, avaient leur point de départ à l'extrémité du quartier de Saint-Jean, suivaient l'alignement actuel du Boulevard de Strasbourg, contournaient à la fonderie, et, traversant la place de l'Intendance et le Champ-de-Bataille se prolongeaient jusqu'à la mer. La construction des premiers établissements de l'arsenal remonte à la même époque. Confiés à un habile ingénieur, nommé Jean Bonnefons, les travaux étaient très avancés en 1610, quand la mort de Henri IV les fit suspendre. Repris en 1628, ils furent poussés très activement, et bientôt le port de Toulon, devenu le plus sûr et le plus vaste du royaume, vit successivement accroitre ses forces navales. En 1643 on y comptait plus de 20 vaisseaux et en 1646, on y réunit une escadre composée de 24 vaisseaux, 12 brûlots, 20 galères et 70 tartanes.
Vauban qui vint à Toulon, pour la première fois, en 1669 fut frappé des immenses avantages que présentait notre port au point de vue militaire. Dix ans après, il soumettait à Louis XIV un très beau projet pour l'agrandissement de l'arsenal. Ses plans, adoptés mais amoindris, furent exécutés sans retard.
On commença par démolir les remparts qui entouraient la ville à l'Ouest, depuis la fonderie jusqu'au vieil arsenal et on les reporta plus loin de manière à renfermer dans leur enceinte l'arsenal nouveau.
Les terrains achetés par la marine, moyennant 105 678 livres, n'ayant pu être tous employés, par suite des réductions apportées dans le projet primitif, on en revendit trois hectares environ à divers particuliers.
La ville eut ainsi sa part dans l'agrandissement maritime de 1680. Elle y gagna une place et quatre rues : la place d'Armes, les rues Saint-Roch, du Trésor, de la Comédie et le prolongement de la rue Royale.
Les fortifications élevées autour de la nouvelle enceinte n'étaient pas achevées que, déjà, on regrettait de n'avoir pas donné plus d'extension à cet agrandissement. Cependant Vauban s'en était expliqué dès le principe ; il avait déclaré que le cours ordinaire des événements, l'accroissement de la population, rendu inévitable par les grands travaux maritimes qui se préparaient, et les avantages indestructibles de la position de Toulon, laisseraient bientôt à l'étroit l'arsenal et la ville. Mais il avait rencontré, ici et à Paris, cette opposition que les grandes idées provoquent toujours chez certains esprits timides. Ses plans avaient été modifiés, le périmètre de l'arsenal réduit de moitié, et alors qu'il n'était plus temps, chacun proclamait l'insuffisance de l'agrandissement. Il fut décidé, sur les propositions de Vauban, que la ville serait prolongée à l'Est, comme elle venait de l'être à l'Ouest. L'économie du nouveau projet se résumait ainsi : le quartier du Mourillon était relié à la ville par un magnifique quai ; on creusait, près de la vieille darse, un port marchand de 15 hectares, et on reculait les remparts jusqu'au fort Lamalgue.
Les plans et devis présentés par M. Niquet, directeur des fortifications, ayant été approuvés, on procéda, le 14 décembre 1711 à l'estimation des terrains à acquérir ; mais on reconnut que la dépense était trop forte et ce projet fut abandonné. Du reste les dernières guerres avaient ruiné les finances de l'État, et il était impossible de trouver en ce moment de l'argent, même pour les dépenses les plus urgentes.
D'autres projets furent successivement présentés et adoptés en principe, mais toujours la question financière s'opposa à leur exécution.
Pendant tout le dernier siècle et la première moitié de celui-ci, nos édiles renouvelèrent leurs démarches sans obtenir aucun résultat ; et, sans doute, nous serions encore aujourd'hui enfermés dans les étroites limites des anciennes fortifications, si le prince Louis Napoléon, président de la République, n'eut désiré, en venant dans notre ville, en 1852, acquérir les sympathies des Toulonnais et se ménager un accueil enthousiaste.
En effet, le lendemain de son arrivée à Toulon, un avis, placardé sur tous les murs de la ville, annonçait que l'agrandissement, depuis si longtemps demandé, venait d'être décrété par le Président de la République (28 septembre 1852).
Cet agrandissement promptement réalisé, doubla la contenance superficielle de la ville [...].
L'ensemble de la ville actuelle se développe sur une étendue de 76 hectares, et les établissements maritimes n'en occupent pas moins de 120, soit un total de 198 hectares.
Or, il y a quatre siècles, en 1442, l'enceinte de Toulon ne renfermait que 6 hectares !
Ce développement prodigieux, qui a transformé un petit bourg de pêcheurs en une très-grande ville, est vraiment remarquable ; il fait honneur à l'intelligence d'une population, qui a su profiter d'une magnifique situation maritime, pour appeler à elle une des principales forces militaires de la France.
Et, maintenant, que le lecteur connaît l'œuvre accomplie, il sera, je n'en doute pas, très désireux de connaître les Toulonnais des siècles passés qui y ont coopéré, et de recueillir quelques détails biographiques sur les habitants actuels des Rues de Toulon. »

Chroniques toulonnaises : histoire de quelques rues / par M. Octave Teissier,...
Date de l'édition originale : 1872
Sujet de l'ouvrage : Rues -- France -- Toulon (Var) -- Histoire
Appartient à l'ensemble documentaire : PACA1

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