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La Révolution fut aussi une affaire de femmes; “Vives et sincères, prenant les idées au sérieux, elles veulent que les paroles deviennent des actes” Oeuvres complètes de J. Michelet. Les femmes de la révolution, Les soldats de la révolution
Charlotte Corday
Charlotte Corday est l’une des plus célèbres figures de la Révolution française. Née dans une famille de la petite noblesse normande, descendante de Corneille dont elle admire l’oeuvre, la jeune femme adhère très tôt aux idéaux républicains, mais ne supporte pas la violences des exactions commises lors de la Terreur, incarnée par Jean-Paul Marat.
Pour sauver la République et les Français, Charlotte Corday fomente l’assassinat de “l’Ami du peuple”. Son acte est bien prémédité ; Charlotte tend véritablement un piège à Marat, en se faisant passer pour l’une de ses partisanes : “Je viens de Caen. Votre amour pour la patrie doit vous faire désirer connaître les complots qu’on y médite. J’attends votre réponse.” On retrouve certaines des missives écrites de la propre main de Charlotte Corday dans les Oeuvres politiques de Charlotte de Corday et on peut notamment y lire qu’ “Elle donna un nouvel et saisissant exemple de l’impuissance du glaive sur l’idée.” p 22
Figure emblématique de la Révolution, Charlotte Corday inspira une vaste production artistique et littéraire. Ses liens de parentés avec Corneille inspirèrent évidemment le théâtre, avec Charlotte Corday, tragédie en cinq actes et en vers de Ponsard : “Oh! quand donc aurez-vous votre accomplissement, Rêves qui m'agitez, rêves de dévouement! “ Charlotte Corday, p32
Charlotte Corday suscite la curiosité et devient également le sujet d’une profusion d'ouvrages historiques, comme le souligne la Bibliographie dramatique-historique de Charlotte de Corday, Charlotte de Corday et les Girondins “La liste des oeuvres dramatiques dont Charlotte Corday a fait l’objet est déjà fort longue” (p6).
La démarche a parfois valeur de documentaire, comme dans Charlotte de Corday : étude historique avec documents inédits “Nous en sommes en pleine Terreur, en 1793, au milieu de cette si néfaste année où tant de victimes devraient payer de leur tête royale ou innocente une révolution qui, par ses morts mêmes, se croyaient vengée et n’était que flétrie par tant de supplice et par tant de sang” p9
Les auteurs explorent les moindres traces et souvenirs subsistants de Charlotte Corday pour tenter d’en saisir les caractéristiques psychiques, mais également physiques. L’un de ses portraits officiels fut à ce titre l’objet d’une enquête minutieuse dans la Note sur l'authenticité du portrait de Charlotte de Corday par Hauer “Dans l'unique portrait qui reste d’elle et qu’on a fait au moment de sa mort, on sent son extrême douceur. Rien qui soit moins en rapport avec le sanglant souvenir que rappelle son nom ; c’est le souvenir d’une jeune demoiselle normande, figure vierge s’il en fut, l’éclat du pommier en fleur…” p11
A travers cette production littéraire, la figure de Charlotte Corday est toujours dépeinte avec une certaine bienveillance, comme on peut le lire avec ce portrait de la jeune femme dans les Mémoires sur Charlotte Corday : d'après des documents authentiques et inédits “Jeune fille enthousiaste et pure, s'arrachant à ses amis, à ses parents, à son vieux père, à sa jeune sœur, elle vint seule et clandestinement à Paris, avec la ferme volonté de délivrer sa patrie d'une persécution odieuse. “ p6
Certains auteurs n’hésitent d’ailleurs pas à la comparer aux plus grandes figures féminines de l’histoire de France. Ainsi, dans l’Essai politique d'un cousin de Charlotte Corday : juillet 1869-octobre 1870 février 1871 , l’auteur n’hésite pas à rapprocher sa “cousine” de Jeanne d’Arc : “Charlotte Corday, la Jeanne d’Arc du Fédéralisme, vient de Caen frapper dans Marat la personnification hideuse de la tyrannie parisienne et de l’insolence oppressive et orgueilleuse de sa populace.” p 59
Madame Roland
Charlotte Corday est également rapprochée de figures qui lui sont plus contemporaines, comme Madame Roland, qui subit le même sort que Charlotte Corday en 1793 :“Les femmes dont on a dans l’histoire trop admis ou nié l’influence, sont parfois l’expression lumineuse d’un parti. La Gironde eut pour poésie Charlotte Corday et Madame Roland ; la Montagne eut pour symbole les sinistres tricoteuses et les furies de la guillotine !” Charlotte Corday et madame Roland p7
Madame Roland fut condamnée par la misogynie de son époque en raison de “l'influence pernicieuse” qu’elle aurait exercé sur la vie politique. Le contexte de son exécution est notamment étudié dans l’Étude sur Madame Roland et son temps. Suivie des Lettres de Madame Roland à Buzot et d'autres documents inédits “D'autres, se refusant à tenir compte et du milieu et des temps où vécut cette femme extraordinaire, et des facultés qui lui créaient des besoins intellectuels en rapport avec leur énergie, s'en tiennent à la mesure commune, la jugent comme ils jugeraient leur femme ou la femme de leur ami, si, dans l'état actuel de l'esprit public, celle-ci s'avisait de prendre le rôle révolutionnaire et la plume brûlante que la mort a arrachés des mains de la victime du 18 brumaire” p9
Elle aussi fut rapprochée d’autres icônes, comme on peut le lire dans Madame de Staël et Madame Roland, ou Parallèle entre ces deux dames en présence de quelques évènements de la Révolution :“Ces dames et leurs écrits représentent deux classes distinctes de la société, dont l’une est aussi estimable que l’autre est brillante. “ p4