Le patrimoine à portée de main

L’art décoratif impressionniste, un accueil partagé

Du 2 mars au 11 juillet 2022, quatre-vingts peintures, éventails, céramiques ou dessins sur le thème des décors impressionnistes ont été exposés au musée de l’Orangerie. Aujourd'hui peu connu sous cet aspect, c’est pourtant cette dimension de l’art impressionniste qui a choqué la plupart de ses contemporains. 

En 1906, Théodore Duret dans Histoire des peintres impressionnistes : Pissarro, Claude Monet, Sisley, Renoir, Berthe Morisot, Cézanne, Guillaumin, considère que les peintres impressionnistes ont en commun, y compris avant d’avoir atteint l’espérée célébrité, d’être « d’instinct des indépendants [...] entrainés à rompre avec les valeurs traditionnelles ». Dès les premières pages, il rappelle « l’horreur et la colère » provoquées par les œuvres de Manet, l'incompréhension de la « liberté d’allures et de procédés » des peintures de Courbet et Courot ou encore le fait que Delacroix était considéré comme un artiste « déréglé et incorrect, un outrancier de la couleur. »

Venant remettre en question l'académisme régnant, cette nouvelle pratique de l’art décoratif a interpellé et encouragé la réflexion esthétique et sociale à la fin du XIXe siècle. C’est notamment le constat de Camille Mauclair en 1904 dans L'impressionnisme : son histoire, son esthétique, ses maîtres. Il y écrit que le public français « a surtout connu l’impressionnisme par les polémiques, et par les fécondes conséquences de ce mouvement dans l’illustration et l’étude des mœurs contemporaines ». 

La même année, dans Une philosophie de l'impressionnisme. Étude sur l'esthétique de Jules Laforgue, l’auteur Médéric Dufour propose un portrait du poète, conteur et critique d’art Jules Laforgue qu’il considère comme l’un des premiers à avoir eu « le bon goût de priser et le courage de louer les œuvres » impressionnistes. 

Lors d’un discours à Monaco en 1925 rapporté dans L'impressionnisme dans l’art et la littérature, André Lamandé estime que les artistes impressionnistes ont apporté « un redressement des valeurs du sujet, dont on avait fait l’essentiel, ils font l’accessoire. De la couleur qui était l’accessoire, ils font l’essentiel ».  Autrement dit, ils ont substitué « à l’expression par le sujet l’expression par le décor, par l’harmonie et l’éclat des couleurs ». 

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