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Le 12 janvier dernier, la Grèce fêtait les 200 ans de la proclamation de son indépendance par la Première Assemblée nationale d'Épidaure. C’est le début d’une période aussi agitée que décisive pour l’histoire du pays, comme en témoigne Claude-Denis Raffenel en 1822 : « Ces idées nouvelles de liberté et d’affranchissement, ces mouvemens généreux et spontanés contre toute espèce d’oppression, enfin ces immenses désirs de reconquérir les droits à la liberté, et d’asseoir une juste indépendance sur les bases constitutionnelles d’un système représentatif, s’étaient toujours arrêtés sur les limites du continent de l’Asie. [...] Tout-à-coup un cri se fait entendre ; il part du sol primitif de la liberté ; la Grèce est en armes ».
Quelques années plus tard, en pleine guerre d’indépendance, Claude Fauriel met ses observations par écrit : « même sous le joug des Turks, les Grecs de nos jours, plus malheureux qu’avilis, n’ont jamais complètement perdu ni les privilèges, ni le sentiment de l’indépendance ; qu’ils ont su maintenir leur nationalité distinctes de celle de leurs conquérants, et conserver, sous un gouvernement oppressif et spoliateur, une aptitude admirable pour la navigation et pour le commerce. ».
Quelques décennies plus tard, Edmond About parle de ses impressions vis-à-vis des Grecs eux-mêmes : « Les Grecs haïssent l’obéissance. Il faut que l’amour de la liberté soit bien enfoncé dans leurs âmes, pour que tant de siècles d’esclavage n’aient pu l’en arracher. [...] La Grèce est découpée en une infinité de fractions par les montagnes et la mer. Cette disposition géographique a facilité autrefois la division du peuple grec en petits États indépendants les uns des autres, qui formaient comme autant d’individus complexes. Dans chacun de ces Etats le citoyen, au lieu de se laisser absorber par l’être collectif ou la cité, défendait avec soin jaloux ses droits personnels et son individualité propre. S’il se sentait menacé par la communauté, il trouvait un refuge sur la mer, sur la montagne, ou dans un Etat voisin qui l’adoptait. Grâce à la mer et aux montages, la Grèce eut beau être asservie, le Grec a pu rester libre ».