Le patrimoine à portée de main

Les Frondeuses

Au début du XIXe siècle, les contours de la notion de féminisme sont encore floues. Pour autant des figures féminines fortes commencent à prendre part aux mouvements militants et à hausser la voix pour réclamer leurs droits.

Le manque de structuration du mouvement n’empêche pas la publication de plusieurs revues et ouvrages, fondateurs dans la diffusion des idéaux féministes et dans la défense de la cause des femmes.

La Femme Libre - Apostolat des femmes est une brochure paraissant dans les années 1830. Il s’agit du premier journal féministe français auquel ne participent que des femmes. À sa tête, on retrouve deux figures fortes, porteuses des droits des femmes en France au XIXe siècle : Marie-Reine Guindorf, et Jeanne-Désirée Véret Gay. Toutes deux engagées dans la cause ouvrière et au contact du courant saint-simoniste (une doctrine caractérisée par l'industrialisme et le progressisme), elles s’engagent dans le militantisme féministe et fondent, à respectivement 20 et 22 ans, cette revue manifeste. Le premier numéro lance d’emblée un appel aux femme en ces termes « La femme, jusqu’à présent, a été exploitée, tyranisée. [...] Nous naissons libres comme l’homme, et la moitié du genre humain ne peut être, sans injustice, asservie à l’autre. ». Nourrissant une certaine démarche pédagogique, les textes publiés souhaitent informer les femmes de tous horizons de leur légitimité à réclamer leurs droits.

La rédaction de la revue est rejoint par Suzanne Voilquin. Influencée par la philosophie de Lumières et par le mouvement saint-simoniste, elle se décrit comme une « enfant du peuple ». Lorsque ses deux fondatrices quitteront sa rédaction de La Femme Libre, elle en reprend les rennes. Le titre change alors pour devenir La Tribune des femmes, que Suzanne Voilquin souhaite comme la continuité d'une « œuvre difficile d’émancipation ».

L’écrivaine est également célèbre pour avoir chroniqué sa vie au travers d'ouvrages et de correspondances. Souvenirs d'une fille du peuple, ou La Saint-Simonienne en Égypte, 1834-1836 est réédité dans la collection Frondeuses, donnant voix à des auteures revendiquant les droits des femmes, d’Olympe de Gouge à Hubertine Auclert. En 1934, Suzanne Voilquin se rend en Egypte pour « porter la parole saint-simonienne ». Dans cet ouvrage, elle s’adresse à sa fille adoptive et à sa nièce et livre un récit de voyage témoignant de la condition féminine dans le pays, le tout sur un terreau fortement autobiographique et ponctué de ses combats personnels.

 

 

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