Un de ces pionniers est Alexander Von Humboldt. Ses Tableaux de la Nature, publiés en France en 1808, témoignent d’une forte sensibilité littéraire. Si on y retrouve des récits de voyages, des observations scientifiques, Von Humboldt s’attache surtout à décrire des environnements entiers comme des « tableaux », soit à « Contempler l'ensemble de la nature, surprendre l'action commune de toutes les forces qui l'animent, renouveler la jouissance que la vue des contrées tropicales ne peut manquer de faire éprouver à l'homme sensible ». Décrivant les environnements comme des ensembles cohérents, il décrit ce que nous appellerions aujourd’hui la « biodiversité », et donne à la « nature » son sens contemporain.
Un siècle plus tard la question de l’écologie se développe, question traitée par Edmond Perrier dans À travers le monde vivant, publié en 1916. Président de la Société Nationale d’Acclimatation (l’actuelle Société nationale de protection de la nature), Perrier est celui qui oriente la société vers la protection du vivant, affirmant dans ce livre que « l'homme est devenu tellement encombrant qu'il est en train d'absorber pour lui seul toute la vie du Globe ». Il mêle des réflexions presque métaphysiques sur le rapport de l’homme à la nature ou sur les théories darwiniennes, et s’intéresse aux travaux scientifiques permettant la protection des espèces en voie de disparition alors que « L'ardeur avec laquelle la Terre a été explorée en tous sens ne va pas sans être menaçante pour d'autres espèces ».
Les inquiétudes sur la disparition des animaux commencent en effet à émerger : dès 1893, le zoologiste Émile Oustalet publie La Protection des Oiseaux. Dans ce petit livre largement illustré, le ton de Oustalet est grave et alarmant, mettant en valeur les ravages de l’homme : « c'est l'homme, et plus particulièrement l'habitant des pays méridionaux, que les voyageurs ailés ont à redouter dans leurs migrations ». Par ailleurs, en affirmant que la disparition d’espèces d’oiseaux influe sur des environnements entiers et menace tout l’équilibre du vivant, Oustalet décrit ce qui n’était pas encore appelé l’anthropocène.